Laponie 2015 suite 12

C'est notre dernier jour de traîneau à Sorsele car demain nous partons pour la suite de notre périple. Nous souhaitons explorer plus au Nord la piste bouclant autour du village alors nous démarrons sur la droite de la rivière tandis que tous les autres départs ont été fait vers la gauche. C'est la première difficulté de la journée nous obligeant à stopper le traîneau juste après la sortie de la stake pour remettre de l'ordre dans la ligne de trait suite au départ à gauche puis retour à droite.

La piste est particulièrement belle ce matin ; et pour cause nous sommes sur le tracé de la course "Vindelvägen draget" allant de Ammarnas situé à 90kms au  Nord-Ouest vers Umea à 270 kms au Sud-Est ; course par étapes et sur plusieurs jours dont l'arrivée à lieu à Sorsele aujourd'hui. Au centre du village, nous croisons un couple de suédois assis chacun sur un bidon en plastique, l'un tournant le dos à l'autre, penchés sur leur trou dans la rivière en y tenant une petite canne à pêche et le tout dans un silence de mort.

Les chiens manquent un peu d'entrain alors une fois encore nous mettons Hudson à contribution pour aider Giwa en tête de l'attelage. Il ravive la motivation de l'équipe en les invitant à relancer et augmenter le rythme. Les chiens aboyant dans leur chenil au dessus de la piste nous aident aussi et l'attelage passe même au galop sur quelques centaines de mètres.

Puis nous atteignons enfin la partie inconnue de la piste et là, presque immédiatement, les oreilles des chiens pointent vers l'avant et ils se tordre le cou pour voir ce qui se cache derrière les moindres courbe ou tronc d'arbre. Nous nous retrouvons coincé entre la route et la voie ferrée pendant plusieurs kilomètres.

Comme les jours précédents, nous faisons la pause à mi-parcours et nos deux chiens de têtes en profitent pour se livrer à un drôle de ballet fait d'invitations au jeu et d'évitements sous le regard désabusé de leurs compagnons. Nous en profitons aussi pour vérifier l'intégrité des coussinets et l'échauffement sous les aisselles de nos compagnons. Borok, un de nos wheel, commence à présenter des fentes sur les coussinets des pattes avant, juste en arrière de l'ongle, ce qui nous oblige à lui enfiler des bottines. Elles vont le protéger et lui permettre de reprendre la piste sans risquer que cela ne s'aggrave et que cela finisse par le faire souffrir. Il n'est pas vraiment ravi d'être ainsi "chaussé" mais dès que nous repartons il les oubli vite.

Nous changeons de nouveau les chiens de tête et nous remplaçons Hudson par Briska qui nous a fait comprendre depuis le début du séjour par ses refus qu'elle ne se sentait plus de travailler à ce poste. Mais nous tentons encore de l'associer à Giwa afin qu'elle puisse lui transmettre son expérience. Sur le chemin du retour et à l'embranchement de la piste utilisée par la course nous voyons déboucher à toute allure une un skieur de fond tracté par un chien de type alaskan, ressemblant à un bon chien de chasse. Nous lui emboitons le pas sans jamais réussir à le rattraper. Cela à au moins le mérite d'imprimer un rythme soutenu à l'attelage ayant dans l'idée d'un rencontre amicale avec ce chien.

Finalement nous quittons la trace de cette équipe de ski-jöring pour rentrer tranquillement au chalet. En arrivant sur la rivière, nous sommes saisi par un vent latéral qui oblige les chiens à fournir un effort supplémentaire pour corriger la trajectoire du traîneau qui se voit déporté par le souffle qui déplace aussi la neige à la surface de la rivière.

A notre arrivée au chalet nous avons le privilège de faire la rencontre de l'équipe de course de longue distance de Catherine Fontaine revenant avec ces deux handlers, Valérie du Retail et Magalie de la célèbre course "Finnmarslopet 2015". Elles en reviennent avec la seconde place et un titre de vice championne du monde en pure race.

Autour d'un repas typiquement suédois nous parlons de chiens bien sûr, mais aussi de nutrition, de course de longue distance, de matériel, ...

L'après midi passe très vite au fil des conversation et il est déjà temps pour les uns de reprendre la route et pour les autres de préparer le départ du lendemain.